Le sang de Delphine #4

14 Août 2021 | Ecrits | 2 commentaires

Nous y sommes : le chapitre 4 du sang de Delphine. Si vous êtes ici, c’est que vous avez lu le chapitre 1, le chapitre 2 et le chapitre 3. Ma bêta-lectrice, Charlie, m’a dit que ce chapitre était émouvant. J’aimerais avoir votre avis. En tout cas,  j’ai pris beaucoup de plaisir à l’écrire. Je suis d’autant plus enthousiaste qu’on se rapproche du chapitre 5 qui est mon préféré. En fait, je m’interroge. Est-il mon préféré ? Je l’aime parce qu’il fait partie du tout, parce que nous sommes monté en puissance à travers les quatre premiers chapitres. Enfin bref, ceci est une autre histoire. Le chapitre d’aujourd’hui vous attend et se situe ici :

Le sang de Delphine – Chapitre 4

Le cœur de Delphine manqua un battement. Peut-être deux.

Respire.

Delphine reprit son souffle. Avait-elle vraiment entendu sa mère parler ? Ses poils étaient hérissés et ses cheveux dressés sur sa tête. Carole tourna la tête et son regard se perdit de nouveau dans le vague.

– Non, maman, reviens. Je t’ai entendue. De qui parles-tu ?

Aucune réaction.

– Maman, s’il te plait, réponds-moi. Qui est de retour ?

Elle posa une main sur son épaule, mais Carole ne réagit pas davantage.

Delphine soupira, dépitée d’avoir perdu l’attention de sa mère et se leva pour faire le tour de la chambre. Il n’y avait pas d’affaires personnelles mis à part quelques vêtements dans une armoire incorporée au mur. Delphine revint vers le lit. Du coin de l’œil, elle aperçut un objet qui attira son attention. Elle tourna la tête et se dirigea vers l’oreiller qu’elle souleva. Un carnet était posé sur le lit.

Delphine l’ouvrit, reconnut immédiatement l’écriture de sa mère et parcourut quelques pages. Il datait de vingt ans auparavant.

« Mercredi 2 avril,

Delphine est rentrée à la maison et s’est enfermée dans sa chambre. Je trouve qu’elle est distante depuis quelques temps. Elle ne me parle plus, ne me présente plus ses amis.

A-t-elle des amis ? Pourquoi est-elle si seule ?

Nous avions une belle relation. Qu’est-ce qui a changé ? Pourquoi s’est-elle fermée à moi ? »

Quelques pages plus loin, Delphine eut un frisson.

« Dimitri est rentré peu avant l’aube. Il sent le parfum pour femme. Que croit-il ? Que je ne le remarque pas ?

Il va encore dormir toute la journée. Comme c’est pratique de travailler de nuit ! Il est pianiste, il devrait être à distance des gens. Mais bien sûr, la musique, ça marche bien avec les filles…

De qui je me moque ? C’est comme ça qu’il m’a eue. Je n’aurais jamais dû aller dans ce bar. Je n’aurais jamais dû le dévorer du regard comme je l’ai fait. Je n’aurais jamais dû m’approcher pour lui parler quand il a pris sa pause. Je n’aurais jamais dû l’inviter chez moi à la fin de son service.

Je devrais le quitter. Mais je ne peux pas. Delphine a besoin d’un père, d’un équilibre. Et ce n’est pas mon salaire qui paye son école. Voilà à quoi il sert, son beau petit cul ! À rapporter des pourboires qui payent une école privée pour ma fille.

Il m’a bien eue en m’habituant à ce train de vie ! En offrant à ma fille le meilleur. Comment pourrais-je l’en priver ? »

Delphine tourna encore quelques pages.

« Dimitri m’a encore laissé une trace dans le cou. J’en ai marre qu’il me marque comme ça. Il le fait de plus en plus souvent et moi, j’ai l’air d’une trainée ! Il me fait son suçon toujours au même endroit, du coup, ça met du temps à s’effacer. Et je ne trompe personne avec mes écharpes et mes foulards. »

« J’ai l’impression que Delphine se scarifie. Je ne suis pas sûre, mais il me semble que j’ai vu une marque à table. Mais comment savoir ? Elle ne porte que des manches longues, des cols roulés et des vêtements amples depuis quelques temps. J’ai l’impression de tout louper. J’essaie de lui parler, mais elle me fuit. Elle ne me regarde plus dans les yeux, elle répond sèchement quand je lui parle.

Et si elle avait des problèmes ? Dimitri dit que c’est juste sa crise d’ado, mais j’ai peur qu’il y ait autre chose.

S’il te plait, Delphine, parle-moi ! »

Delphine porta un regard embué à sa mère.

– Je te parle, maintenant, maman, mais c’est toi qui ne dis plus rien.

Heureusement, elle, elle avait toujours sa relation mère-fille avec Amandine. Elles dialoguaient, tout le temps, de tout, de rien. Amandine lui dirait si quelque chose n’allait pas.

Mais pour Delphine, c’était autre chose, à l’époque de son adolescence. Un mal régnait sur la maison. Et il la rongeait de l’intérieur.

À présent, elle se rendait compte que sa mère, qu’elle voulait protéger, était tout aussi malheureuse qu’elle. Elles auraient dû se parler, mais en croyant protéger l’autre, elles ont préféré se taire. Il les avait bien manipulées.

Quelques pages plus loin, Delphine arriva au jour de son départ de la maison.

« Elle m’a quittée. Elle m’a abandonnée. Elle m’a laissée seule avec lui. Pourquoi ? Pourquoi tu m’as fait ça Delphine ?

Peut-être que maintenant Dimitri sera plus tendre avec moi. Il me rejette depuis si longtemps.

Je ne lui suffis plus. Il a ses maîtresses, sûrement plus jeunes que moi. Pourquoi reste-t-il avec une vieille carcasse comme la mienne ?

Je ne veux pas qu’il parte. S’il s’en va lui aussi, je serais seule au monde.

Je pourrais peut-être appeler Delphine demain. Non. Elle est partie. Si elle veut me parler, elle m’appellera. Elle connaît le numéro. »

Mais Delphine n’avait jamais appelé. Ce n’était pas tant qu’elle ne voulait pas revoir sa mère. C’était surtout qu’elle craignait de tomber sur Dimitri. D’un autre côté, Delphine en voulait à sa mère de rester avec cet homme.

Les pensées se bousculaient dans son esprit. Elle leva les yeux et regarda Carole qui avait toujours l’air hagard. Elle soupira, essuya son visage du revers de la main et continua sa lecture.

Carole avait peu écrit après le départ de Delphine. Et les confidences se terminaient la veille du jour où elle entra à l’hôpital psychiatrique. La veille du départ de Dimitri.

Machinalement, Delphine tourna les pages blanches, pour vérifier qu’il ne restait pas quelque chose d’écrit. Ça ne pouvait se terminer ainsi. Grand bien lui en prit ! À quinze pages de la fin du carnet, elle trouva une nouvelle confidence datant de la veille.

« Il est de retour. Je l’ai vu. Il était dans mon rêve. Il me l’a dit. Il a besoin d’elle. Il est revenu pour elle. Je suis le chemin vers elle. Je suis la messagère.

Il est revenu. Je croyais que je ne le reverrai plus. Mais il est revenu. Elle doit venir. Il a besoin d’elle. Elle doit venir l’aider.

Il est malade. Mon Dimitri est malade. Quand Dimitri est malade, elle doit le soigner. Il n’y a qu’elle qui peut le soigner. Moi, je suis avariée. Elle est belle, fraiche et pure. Elle est le remède.

Il est revenu pour elle.

Il est revenu pour toi, Delphine. »

Ce message lui glaça le sang. Elle eut l’impression que le journal perçait son âme. Elle sentit le poids de la présence de Dimitri dans la pièce. Tout à coup, c’était comme si elle redevenait enfant. Comme si elle redevenait une victime. Sa victime.

Elle aurait voulu prendre quelques secondes pour respirer, se calmer, ramener son rythme cardiaque à la bonne fréquence, mais les pages suivantes ne firent qu’augmenter son angoisse.

Sur une dizaine de pages, étaient écrites en grosses lettres, ces trois phrases, répétées encore et encore :

« IL EST DE RETOUR. »

« IL EST MALADE. »

« DELPHINE EST LE REMEDE. »

Delphine lâcha le journal et se précipita sur sa mère. Elle l’attrapa par les épaules, la secoua en criant :

– Maman, tu dois me dire ce qu’il se passe. Parle-moi ! Qu’est-ce que c’est que ça ?

Carole redressa la tête et de nouveau plongea son regard dans celui de sa fille. Et dans le même râle que précédemment, elle souffla :

– Tu es le remède.

Sa tête bascula en arrière, comme si elle n’était plus retenue par aucun muscle, et un cri perçant s’échappa de sa bouche, obligeant Delphine à la lâcher.

Une équipe de quatre infirmiers entrèrent en trombe dans la chambre. Ils saisirent Carole qui avaient commencé à se débattre, la maîtrisèrent, l’attachèrent au lit et lui firent une piqûre.

Une infirmière prit Delphine par le bras et, malgré le stress, lui recommanda avec douceur :

– Vous devriez partir. Votre fille et vous, rentrez chez vous. Elle n’est pas dans son état normal. Vous vous faites du mal pour rien.

Raccompagnée jusqu’à la porte du bâtiment, Delphine se sentait groggy. Amandine sortit de la voiture et toisa sa mère, l’air inquiet.

– Ça va ? Tu es toute pâle.

– Il faut qu’on retourne à la maison de ma mère.

Conclusion

J’espère que cette histoire vous plait toujours. N’hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé. J’aimerais aussi beaucoup connaître vos théories. J’adore les théories.

Vous pouvez me partager tout cela, soit en dessous, dans les commentaires, soit sur Facebook, Twitter ou Instagram. Si vous ne savez plus où me trouver voici mes liens :

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Tous ces petits gestes m’aident énormément. Parce qu’après tout, sans vous, je ne suis qu’une scribouillarde perdue dans ma Calédonie natale.

Juste avant qu’on ne se quitte pour se dire à la semaine prochaine, je vous dévoile la cover reveal de cette semaine. Pour rappel chaque semaine, pendant cinq semaines, je dévoile petit à petit la couverture du premier tome du Grimoire : Le Coeur des CHEIM qui paraîtra le 3 mars 2022. Nous sommes toujours dans le flou, mais les choses se précisent. Nous en sommes à la semaine 2 sur 5.

A très bientôt !

Couverture floue du Cœur des CHEIM 2

2 Commentaires

  1. Kormylo Claire

    J’ai bien aimé ce chapitre. A cause du titre, on dirait que le beau-père est un vampire, mais on se rends compte que c’est faux. J’ai hâte d’être au cinquième chapitre.

    Réponse
  2. Kiznaisen

    Bonjour bonjour !

    J’ai beaucoup aimé ce chapitre ! Je l’ai trouvé très puissant émotionnellement. Delphine a pu découvrir un côté de sa mère qu’elle ne lui connaissait pas. Cela va l’aider dans sa relation avec sa propre fille. Par contre j’ai très peur de la suite…

    Je n’ai pas vraiment de théorie à énoncer mais je me doute qu’on reverra Dimitri d’une manière ou d’une autre, pour le meilleur et (surtout) le pire.

    Réponse

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