Hijo de la nieve – Défi des plumes #4

24 Avr 2022 | Ecrits | 0 commentaires

On est…dimanche. Je sais, je poste le samedi d’habitude mais hier était une journée exceptionnelle. Donc c’est aujourd’hui que vous aurez le défi des plumes de noël !

Comme à chaque fois, les contraintes et mots imposés sont dans la conclusion. N’hésitez pas  à me dire si vous les avez trouvé.

Cette fois-ci, dans mes inspirations, il y a, bien sûr, la chanson Hijo de la luna de Mecano, la voici si vous ne la connaissez pas :

Et concernant les prénoms, nous avons mon habituel Jean, mais aussi Bénédicte et Manaëlle qui sont respectivement ma grande cousine et le 2e prénom d’une de mes meilleures amies, et ma nièce.

Pour les non hispanophone, hijo de la nieve signifie « fils de la neige »

Allons-y pour cette histoire de noël. Préparez-vous un bon chocolat chaud avec des marshmallow, enroulez-vous dans un plaid et dégustez cette histoire.

Défi des plumes #4 : Hijo de la nieve

Jean était encore sur son ordinateur. Jean était toujours sur son ordinateur. Sa mère passa la tête par l’entrebâillement de sa porte.  

— Jeannot, lâche un peu ton clavier et viens manger quelques chips avec nos invités.  

Il roula les yeux au ciel. La vie sociale de Jean se résumait à celle qu’il entretenait sur internet. Il n’était guère intéressé par le contact des autres personnes dans « la vraie vie ». Mais il aimait trop sa mère pour la décevoir. Il quitta son jeu, éteignit son écran et descendit l’escalier qui menait au salon.  

Ses sœurs, ses parents, un couple d’amis et leur fille, tous habillés de vert et de rouge, discutaient en mangeant des petites bouchées que sa mère avait passé l’après-midi à préparer, mais qu’elle dirait avoir réalisées en quelques instants, modeste qu’elle était.  

Jean ne ressemblait à personne de sa famille. Ils avaient tous les cheveux bouclés d’un noir de jais et les yeux marrons. Lui était si blond qu’on avait l’impression que ses cheveux étaient blancs. Parfois, certains disaient qu’il les peroxydait alors qu’il n’en était rien. Et ses yeux étaient d’un gris clair. Sa peau aussi était très pâle, contrairement au reste de sa famille. Et ce n’était pas dû au fait qu’il sortait rarement de chez lui. Lorsqu’il allait à la plage, il revenait aussi pâle qu’un Suédois. Rien n’y faisait !  

En le voyant franchir la porte, sa petite sœur se précipita sur lui.  

— Jean ! Jean ! Regarde, j’ai attrapé un têtard !  

Elle était tout excitée du haut de ses 8 ans. Jean aimait profondément ses petites sœurs, mais il avait une secrète préférence pour la jeune Manaëlle. Elle était son exact opposé. Pleine de vie, d’entrain, toujours prête à vivre des aventures. Elle avait suffisamment d’énergie pour eux deux. Leur petit plaisir était de se blottir l’un contre l’autre, le soir de Noël. Elle, surexcitée par la venue prochaine du grand barbu vêtu de noir, était toute chaude, comme une bouillotte. Lui ne souffrait jamais de la chaleur. Sa peau était toujours fraîche, si bien que certains l’appelaient « l’animal au sang-froid » ou « le serpent ».  

Bénédicte, sa sœur de 13 ans, était plus calme et posée que Manaëlle. Elle aimait se plonger dans la lecture de romans qui n’étaient vraiment pas de son âge. Et elle discutait de longues heures avec Jean au sujet de ses lectures. Jean l’écoutait activement sans jamais l’interrompre. Il aimait qu’elle le fasse voyager par ses histoires.  

Le couple qui était venu réveillonner avec eux était des amis de passage qui venaient de loin. En 17 ans de vie, Jean avait dû les voir trois fois, tout au plus. Il se souvenait à peine de leur fille.  

Personne d’autre que Manaëlle n’avait réagi à l’arrivée de Jean. Ils étaient absorbés par une argumentation que Jean avait de la peine à saisir.  

Tout à coup, Bénédicte se leva, furieuse, et tempêta :  

— La neige, ce n’est qu’un mythe ! Tout le monde sait que ça a été inventé pour faire rêver les petits enfants et leur faire espérer un Noël blanc.  

— Et pourtant, répondit patiemment le père invité, je peux t’assurer que ça a existé. Saleté de réchauffement climatique ! Je me souviens, il y a une vingtaine d’années de ça, j’ai glissé sur du verglas en sortant de chez moi.  

Bénédicte serra les dents. Jean s’approcha alors et lui posa une main compatissante sur l’épaule. La fraîcheur de sa main l’aida à se calmer, mais un frisson lui parcourut l’échine. Une fois Bénédicte rassise, sa mère changea rapidement de sujet :  

— Ah ! Jean. Tu es enfin là. Te souviens-tu de George et Florina, mes amis d’enfance ? Et de leur fille, Émilia ?  

Jean se retourna pour les observer. Le père avait un air de petit bonhomme plein de joie de vivre. Le genre de type qu’on ne fâche pas facilement. La mère était plus pincée. Elle avait très clairement un balai bien incrusté en elle. Mais la jeune fille était magnifique. Un bouton de rose qui éclot au printemps. Elle avait le même âge que lui, des yeux aussi bleus que des saphirs, et de magnifiques lèvres rouge charnu. Ses cheveux châtains cascadaient dans son dos. Assise, il avait peine à voir combien ils étaient longs, mais il aurait parié qu’ils lui arrivaient aux fesses. Jamais, il n’avait remarqué d’à quel point elle était belle. Il sentit son cœur battre si fort dans sa poitrine, qu’il avait l’impression qu’il allait s’en échapper. Il avait peur que les autres puissent l’entendre, tellement il tambourinait. Ses pieds avaient soudain du mal à soutenir son poids. Et les mots se perdaient dans sa gorge.   

  

Tout ce qui sortit de sa bouche fut un nuage de vapeur d’eau.  

  

Sa mère lâcha le verre qu’elle avait dans la main et la porta à sa poitrine.  

— Oh non, Mathieu, ce jour est arrivé, chevrota-t-elle en direction de son mari.  

Mathieu ne bougeait pas. Il avait arrêté de respirer quelques secondes.  

— Que se passe-t-il ? interrogea Bénédicte, inquiète de la réaction de ses parents.  

Il fallut deux grands verres d’eau et autant de vin pour que Mathieu commence à expliquer ce que Morgan ne parvenait à dire :  

— Votre mère et moi désirions un enfant plus que tout au monde. Mais, nous ne pouvions en concevoir.  

Les sœurs et le frère échangèrent un regard interloqué.  

— Un soir, votre mère s’est rendue sur la plus haute colline du village. Et elle a prié pour qu’on lui fasse grâce de la vie d’un enfant. Une silhouette de femme s’est découpée dans la neige. C’était au temps où il neigeait encore. Elle s’est approchée et elle a pris la main de votre mère. « Je puis te bénir de trois beaux enfants, femme, mais le prix à payer est très dur. » Nous voulions tellement être parents, que votre mère a pris la responsabilité d’accepter les conséquences.   

— « Ton premier enfant sera le mien. Tu le porteras, tu l’éduqueras et lorsqu’il aura son premier émoi, tu me le rendras », récita d’une voix sombre Morgan. J’ai redouté ce jour toute ta vie. Mais les signes ne trompent pas. Elle viendra te prendre ce soir.  

— C’est ridicule ! objecta Bénédicte.  

Mais Jean ne dit mot. Il avait toujours su qu’il était différent du reste de sa famille, que sa place était ailleurs.  

La porte s’ouvrit à la volée. Une bourrasque entra dans la maison et tournoya autour de Jean. Il savait ce qu’il avait à faire. Il regarda un à un les membres de sa famille. Aucun adieu ne put s’échapper de sa bouche. Tous pleuraient. Même Bénédicte s’était résignée.  

Il eut son dernier regard pour celle qui s’était emparée de son cœur et avait scellé son destin. Elle aussi pleurait.  

— Ne pars pas, murmura-t-elle dans un souffle.  

Il sourit, mais une larme s’échappa de ses yeux et tomba au sol. C’était un flocon de neige. Il sortit, le cœur lourd, et la porte se referma violemment derrière lui.  

Un silence de plomb régna dans la pièce, troublé par les sanglots des trois jeunes filles.  

Tout à coup, Manaëlle se leva en trombe et courut à la fenêtre.  

— Il neige ! s’exclama-t-elle.  

Tout le monde sortit. La neige avait fait son retour sur Terre.  

— Le fils de la neige est rentré chez lui, annonça comme un mantra Mathieu à sa femme qui grelottait de chagrin et qui ne pourrait jamais réchauffer son cœur de mère brisé pour toujours. 

Conclusion

Je sais, c’est triste. Mais pour le coup, c’est pas de ma faute ! Sans plus de cérémonie, voici les mots imposés : 

– Têtard,

– Chips,

– Clavier.

Les aviez vous trouvés ?

Et les contraintes que j’ai choisies :

– L’histoire doit mal se terminer,

– La neige n’existe pas,

– Le Père-Noël est habillé de noir,

– Le héro ou l’héroïne pleure des larmes de neige.

Vous voyez, c’est pas de ma faute si c’est triste ! Pour ce défi, je suis encore arrivée 3e, mais cette fois, c’était très serré. J’avais un vote de différence avec la 2e et deux avec la 3e. Il y avait 8 textes en compétition et c’était très difficile de choisir pour qui voter, ce défi était vraiment très chouette.

Si vous souhaitez lire un autre défi, voici le lien vers celui de Halloween.

On se dit à bientôt pour un nouvel article !

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Le sourire de Félicité – Défi des plumes #3

Le sourire de Félicité – Défi des plumes #3

Défi des plumes n°3 ! Résistons au terrifiant sourire de Félicité. Alors, oui, je sais, c'est un texte que j'ai écrit pour Halloween. Cette année, je ferais en sorte d'être dans les temps. Recommençons notre petit jeu de la semaine dernière. Je vous laisse deviner...

Pour la cause – Défi des plumes #2

Pour la cause – Défi des plumes #2

Bonjour ! On est samedi et je suis de retour pour un petit défi. On va pas se mentir, ça fait vraiment un bail que je n'ai rien posté. Et pour cause,  j'ai traversé une longue période de doutes et de soucis personnels. Merci à cette magnifique pandémie d'être entrée...

La balle jaune

La balle jaune

La balle jaune. J'imagine que ce titre ne vous évoque rien. C'est un exercice d'écriture que donne Bernard Werber dans sa Masterclasse. Il s'agit d'une technique pour tenir en halène le lecteur jusqu'à la chute, surprenante. C'est ce que j'ai essayé de faire dans...