Le sang de Delphine #5

21 Août 2021 | Ecrits | 0 commentaires

On arrive au point culminant du sang de Delphine : le chapitre 5. Il ne va rester que deux publications après celle-ci.

Avant de poursuivre votre lecture, n’oubliez pas de lire le chapitre 1, le chapitre 2, le chapitre 3 et le chapitre 4.

J’ai quelques idées pour l’histoire suivante, mais avant de vous la présenter, j’aurais des articles pour d’autres catégories. Je vous prépare pas mal de choses pour le Coeur des CHEIM. Mais je m’égare. Je vous laisse lire ce chapitre, qui, j’espère, vous plaira.

Le sang de Delphine – Chapitre 5

En arrivant devant la maison de Carole, après un trajet tendu et silencieux, Delphine et Amandine eurent la surprise de trouver la porte ouverte. 

– Mais tu ne l’avais pas fermée ? s’insurgea Delphine avec effroi et colère. 

– Si, maman, je te jure ! se défendit Amandine toute aussi surprise.  

– Tu vois bien qu’elle n’est pas fermée là, haussa-t-elle le ton. 

Amandine attrapa sa mère par les épaules, plongea un regard sérieux, au bord des larmes, dans ses yeux et parla d’un ton grave : 

– Je te promets que je l’ai fermée. 

Delphine sonda le regard de sa fille. Il n’y avait aucun doute, elle disait la vérité. Ce n’était pas son genre de mentir, ni d’oublier ce genre de choses. Au contraire, elle avait l’habitude, une fois une porte fermée, d’essayer de l’ouvrir pour vérifier qu’elle avait bien réussi la manœuvre. 

Delphine soupira, résignée. Puis, elle réalisa ce que cela signifiait. Son regard s’écarquilla, son cœur se mit à tambouriner dans sa poitrine, son souffle s’accéléra. 

Un combat intérieur commença dans sa tête. 

Je ne veux pas y aller. 

Il le faut. 

Je ne veux pas y aller. 

Courage. 

Il est là. 

Je sais, courage. Tu dois l’affronter. 

Delphine posa ses mains sur les joues de sa fille. Elle les embrassa, puis d’une voix brisée par la peur, elle murmura : 

– N’oublies pas que, quoi qu’il arrive, je t’aime. 

Amandine fronça les sourcils. 

– Je ne sais pas ce qui te fait si peur, mais tu m’inquiètes. Si tu penses qu’un voleur est entré, on appelle la police. 

– Non, je dois régler ça toute seule. Tu m’attends là, j’y vais. 

– C’est hors de question. On y va ensemble. 

– Non, c’est trop dangereux. 

– Pour toi aussi, alors. 

– Je suis ta mère, tu dois m’obéir ! 

Amandine se dégagea, croisa les bras, fronça les sourcils et dit d’un ton catégorique : 

– Je viens. Si c’est dangereux, il vaut mieux qu’on soit deux. Tu n’as pas le choix, je viens. 

À nouveau, Delphine soupira. Elle ne pouvait pas lutter. Elle n’en avait pas la force. 

– Très bien, concéda-t-elle, mais tu restes derrière moi. 

Elles entrèrent dans la maison coloniale. Rien n’avait bougé. Si c’était un voleur, il savait ce qu’il venait chercher. Mais Delphine le savait, Delphine le craignait, ce n’était pas un voleur. 

Elles entrèrent dans la cuisine. Personne. 

Le salon. Rien. 

Elles montèrent à l’étage. L’escalier craqua. Pour l’effet de surprise, on repassera. 

À chaque marche, le cœur de Delphine cognait comme un gong. Arrivée sur le palier du haut, ses jambes se mirent à trembler. 

Elle ne voulait pas y aller. Elle ne pouvait pas y aller. Elle ne pouvait pas se retrouver à nouveau face à lui. 

Elle fit un pas. Puis un autre. Et lentement, mais sûrement, elle arriva devant la porte de sa chambre. 

Personne.  

Il ne restait qu’une seule possibilité. Les têtes de la mère et de la fille se tournèrent vers la dernière porte. Il était là. Il ne pouvait qu’être là. 

Delphine avait de plus en plus de mal à déplacer ses jambes de ciment. Elle luttait contre son instinct de survie. Comme pour lui donner du courage, ou pour s’en donner à elle-même, Amandine attrapa la main de sa mère et la serra. L’espace d’une seconde, un poids se souleva du cœur de Delphine. Amandine relâcha, et le poids revint. 

Elle n’était plus qu’à quelques centimètres. Plus question de faire demi-tour. Que trouverait-elle derrière cette porte ? Carole disait qu’il était malade. C’était son excuse fétiche pour lui réclamer des câlins. Cette idée lui souleva l’estomac pourtant déjà noué. 

Elle abaissa la poignée et poussa la porte. 

Il lui fallut quelques secondes pour que ses yeux s’habituent à l’obscurité totale de cette pièce. Amandine pointa la torche de son téléphone qu’elle tenait fermement dans sa main depuis qu’elles étaient entrées. 

Dans le lit de sa mère, quelqu’un était allongé. C’était un être rachitique, blanc comme un albinos, misérable. Lorsque la torche lui éclaira le visage, il plaça une main cadavérique devant ses yeux. 

Delphine, bien qu’elle sût de qui il s’agissait, eu besoin de quelques secondes pour reconnaître ses traits. Qu’était-il arrivé à ce bel homme ? Finalement, il semblait vraiment malade. 

D’une voix faible et trainante, il rompit le silence : 

– Delphine, ma Delphine, ma fille, tu es venue. 

Les cheveux de Delphine se dressèrent sur sa tête. 

– Ma petite chérie, reprit-il. J’ai besoin de toi. Je suis malade. J’ai besoin que tu me fasses un câlin. 

Delphine se retrouva propulsée dans le souvenir qui lui était revenu le matin. Assise dans son lit, elle vit Dimitri fermer la porte à clef. Il s’avança vers elle. 

Elle déglutit péniblement. Ce n’était qu’un mauvais moment à passer, elle le savait. Elle se sentirait mal quelques jours, puis, la vie reprendrait son cours. 

Il l’avait déjà fait tant de fois depuis qu’il était avec sa mère, elle avait l’habitude. Et pourtant, elle ne s’y faisait toujours pas. Tout son intérieur se débattait, hurlait, suppliait, mais son corps n’obéissait qu’à Dimitri. 

Si seulement sa mère pouvait arriver à ce moment-là. Elle verrait la porte fermée à clef, elle s’inquièterait. Elle l’obligerait à ouvrir et lorsqu’elle le verrait sortir, elle lui hurlerait dessus, le plaquerait pour de bon, et l’emmènerait loin de lui et de cette maison des horreurs. 

Il n’y avait aucun doute : tant qu’elle vivrait sous le même toit que lui, il continuerait. Elle n’avait que deux échappatoires : la mort ou la fuite. 

Il s’agenouilla, écarta ses cuisses. 

Elle ne pouvait rien dire à sa mère. Comment le pourrait-elle ? Son corps acceptait qu’il fasse avec elle, ce qu’il devrait réserver à sa mère. Elle la trahissait, chaque fois qu’elle n’arrivait pas à dire non. Elle était coupable de le laisser lui faire ces choses. 

Pourtant, au début, elle avait bien essayé de dire non. Mais, son avis, il s’en fichait. Il lui répétait qu’il aimait ça, qu’il en avait besoin, qu’en tant que « sa petite chérie », elle devait être gentille avec lui. Et de temps en temps, il lui rappelait, discrètement, que les gens ne pouvaient pas comprendre leur relation et qu’elle ne devait rien dire à personne. 

Elle se rendait bien compte que tout ceci n’était pas normal. Mais elle se sentait aussi coupable que lui. Elle était coincée. Condamnée à le laisser lui faire subir les pires horreurs pour son bon plaisir. 

Il remonta sa jupe. 

Après tout, dans son malheur, elle avait de la chance. Tout ceci aurait pu être pire. Il aurait pu lui faire mal. Ce n’était pas le cas. Il était toujours très doux. Toujours délicat. Il semblait se soucier vraiment d’elle, de son bien-être. 

Et puis, il subvenait à leurs besoins à sa mère et elle. Il leur offrait de belles choses, lui permettait de faire ses études dans une bonne école, les emmenait régulièrement en voyage. Hormis ses accès de violence et ses gestes déplacés, elle n’avait pas vraiment à se plaindre de lui. Il y avait même, parfois, des moments où ils avaient de vraies conversations intéressantes. 

Quelque part, elle l’aimait autant qu’elle le détestait. 

En fait, elle se détestait davantage qu’elle ne le détestait. 

Elle lui avait dit, un jour, qu’elle partirait. Elle avait préparé toutes ses affaires, elle était prête. Sa copine Julie l’accueillerait. Elle en avait d’abord parlé à sa mère qui avait insisté pour qu’elle le dise aussi à Dimitri, les yeux dans les yeux. Elle ne se démonta pas. Elle annonça qu’elle partait vivre chez Julie. Alors, Dimitri plongea un regard bleu larmoyant dans les yeux de Delphine et demanda d’une petite voix cassée : 

– Tu veux vraiment m’abandonner ? 

Elle n’avait pas pu partir, cette fois-là. Ce ne sera que des années plus tard qu’elle en aura la force. Un soir, profitant que tout le monde soit parti de la maison, elle prendrait ses affaires et s’en irait pour ne plus jamais revenir. 

Dimitri caressa la cuisse de Delphine.  

Ses caresses étaient devenues douloureuses pour elle, comme des décharges électriques. Par la suite, aucun homme ne put lui donner du plaisir. Elle ne ressentait que douleurs et chatouilles là où les autres femmes prenaient plaisir à être touchées. 

D’un seul geste, il planta ses canines acérées dans l’artère fémorale de l’adolescente. 

Delphine fut sortie de son souvenir comme on se réveille d’un cauchemar. Son regard fixa les dents du vieux et malade Dimitri. Ses canines étaient pointues. 

Elle était le remède. Lorsqu’il se sentait faible, il buvait son sang pour retrouver ses forces. 

Son sang était son remède. 

Conclusion

Je sais, encore un cliffhanger ! Mais c’est le dernier. Enfin…presque.

J’espère que ce chapitre plus intense vous aura plu. Si c’est le cas, n’hésitez pas à le partager, à l’aimer (les petites mains qui applaudissent) et à commenter.

Vous pouvez retrouver mes réseaux sociaux ici :

Et bien sûr, voici la couverture de cette semaine. Il reste encore deux semaines et vous aurez son vrai visuel.

A samedi prochain pour le chapitre 6 !

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