Défi des plumes n°3 ! Résistons au terrifiant sourire de Félicité. Alors, oui, je sais, c’est un texte que j’ai écrit pour Halloween. Cette année, je ferais en sorte d’être dans les temps.
Recommençons notre petit jeu de la semaine dernière. Je vous laisse deviner quels sont les mots imposés et les contraintes, et je vous dévoile tout en conclusion.
A présent, éteingez les lumières, mettez une playlist de musiques pour vous mettre dans l’ambiance (comme celle-ci : https://www.youtube.com/watch?v=HYCOwzTqcGQ ) et laissez vous entrainer dans cette lecture fantastique.
Bonne lecture !
Défi des plumes #3 : Le sourire de Félicité
17 heures, le soleil se couche. Les journées se rallongent, il fait beau et chaud. J’aime ce temps ensoleillé. Je rentre du lycée, mon sac sur une seule épaule. C’est douloureux, mais il faut ce qu’il faut pour être accepté par la bande, avoir l’air « cool » comme dit ma mère. Je croise des petits monstres déguisés qui font du porte-à-porte. Ils ont de la chance, ils finissent à 15 heures. Mais, tout ceci n’est plus de mon âge. Moi, je fais une soirée Halloween chez Mathilda. On va regarder les Conjuring en mangeant des friandises, puis on se racontera des histoires d’horreur. J’adore ça. Je suis toujours très forte pour faire peur, et c’est très difficile de me faire peur.
Le soleil s’est couché. Une ombre apparait à côté de moi. Elle est là. Elle ne vient pas la journée. Elle ne supporte pas le soleil. Elle dit qu’elle est si fragile qu’il la réduirait en cendre. En revanche, la nuit est source de plénitude pour elle.
Aussi loin que je me souvienne, elle a toujours été là, mais personne d’autre que moi ne la voit. Au début, je lui parlais à voix haute, et les gens disaient qu’elle n’existait pas, qu’elle était dans ma tête. Pourtant, même s’il lui arrive de parler dans mon esprit, je sais qu’elle est bien là. Toujours là. À côté de moi. À me regarder. Parfois, à me demander d’agir pour elle. La plupart du temps, c’est pour faire des farces, mais d’autres fois, elle me fait faire des bêtises. Et comme personne ne la voit, c’est toujours moi qui me fais punir.
J’ai toujours aimé Halloween parce qu’on se déguise, qu’on se goinfre de bonbons et qu’on se fait peur. Mais année après année, son pouvoir sur moi a grandi pendant la nuit d’Halloween. Uniquement cette nuit. L’an dernier, elle était si persuasive que j’ai étranglé le chat blanc de madame Pince. J’ai réussi à reprendre le contrôle juste à temps avant qu’il ne meure. Depuis, dès qu’il me voit, il me souffle dessus. Je suis triste, parce que j’adorais ce chat, et il me le rendait bien. D’ailleurs, le voilà qui s’enfuit en me voyant.
Reviens ! Je t’aime ! C’est elle qui m’a obligée. C’est de la faute de Félicité.
Personne ne croit en Félicité. Et si moi-même, je ne l’entendais pas et ne voyais pas son ombre, je n’y croirais pas non plus. Je ne pense pas que les amis imaginaires aient une ombre. Et je pense qu’à 16 ans on n’a plus d’ami imaginaire. D’ailleurs, aucun ami imaginaire ne nous ferait faire ce genre de choses.
Il est très difficile de me faire peur, mais Félicité y arrive parfaitement.
J’arrive chez moi. Mes parents sont encore au travail, mon frère est vissé sur sa chaise devant son ordinateur. Est-il allé en cours aujourd’hui ? Quand je suis partie, il était dans la même position. Je passe devant le compteur électrique.
Débranche sa chambre.
Non. J’ai pas envie de l’embêter.
Mon regard se pose sur l’interrupteur. Je ne peux plus l’en détacher. L’envie grandit à l’intérieur de moi, comme une graine germe dans la terre humide. Ma main s’approche. Je le touche.
J’ai dit non !
Je me ressaisis et poursuis mon chemin. Je sens en moi poindre une colère. Ce n’est pas la mienne, c’est celle de Félicité. J’essaie de la refouler, mais elle reste là, latente. Félicité n’est pas contente, et elle me le fera payer.
Je me change et me rends chez Mathilda. Nous passons une bonne soirée. Félicité me souffle souvent de vilaines idées, mais dans l’ambiance festive, j’arrive à garder le contrôle. Le plus difficile, c’est lorsque je suis seule avec elle.
Après les films, on lit une creepypasta sur Internet : Jeff the killer. Je n’entends plus Félicité, et cela m’inquiète. Elle me semble beaucoup trop attentive. Que va-t-elle encore me faire faire ?
Mathilda sort de son placard une planche de Ouija. Comme toutes mes amies, je me mets à rire, mais avec moins d’entrain que je n’aimerais. On sait toutes que ça ne marche pas pour de vrai, et que l’une d’entre nous fera bouger la goutte.
—Esprit es-tu là ?
Je la sens. Elle est là. Elle a envie de s’amuser. Mes mains se mettent à bouger sans que je ne puisse rien faire. O. U. I.
Toutes mes copines sautillent de joie.
—Esprit, comment te nommes-tu ?
À nouveau, je ne contrôle plus rien. Elle se délecte de ce nouveau jeu. F. E. L. I. C. I. T. E.
— Félicité ? Quelle est la grosse banane qui a dit ça ?
Toutes gloussent. Je sens un étau se resserrer dans mon thorax. Mon cœur bat si fort que je suis certaine qu’il ne va pas tarder à jaillir de ma poitrine.
— Esprit, que fais-tu ?
D.U. J. E. T. S. K. I.
Toutes mes copines éclatent de rire. Mathilda s’énerve.
— Bon, ça m’a soulée ! On arrête.
Elle se lève et range la tablette.
Félicité est furieuse. Ce n’est pas du tout ce qu’elle voulait que je réponde, mais j’ai réussi, in extremis, à reprendre le contrôle de mes membres et j’ai écrit la première chose qui m’est passée par la tête.
Tu vas le regretter !
Je la crois sur parole. Je ne sais pas quand, je ne sais pas comment, mais je sais que dès qu’elle en aura le pouvoir, elle s’en prendra à moi.
Je rentre à la maison. Je me brosse les dents. Lorsque je crache, du sang sort de ma bouche. Beaucoup de sang. Trop de sang. Une douleur soudaine me prend aux commissures et s’étend jusque sur mes joues. Je n’ai jamais eu aussi mal de ma vie. Je sens ma chair se déchirer. Si ça continue, je vais m’évanouir. Je relève la tête péniblement et croise mon regard dans le miroir. Félicité a découpé ma bouche pour l’agrandir jusqu’à mes pommettes. Je l’entends rire dans ma tête. Je voudrais hurler, mais les sons restent coincés dans ma gorge. Cette fois, je tombe dans les pommes.
Je me réveille en sursaut. Le jour est sur le point de se lever. Je saute du lit et cours me regarder dans le miroir. Rien. Ce n’était qu’un rêve.
L’an prochain, je serai plus forte. L’an prochain, je te graverai un sourire éternel.
Conclusion
Alors ? Félicité a-t-elle réussi à vous nouer l’estomac ? Personnellement, je vais pas éteindre la lumière tout de suite, mais peut-être suis-je sensible ?
Et du côté des mots imposés, comment vous en êtes-vous sorti ? Il y en avait trois encore : Banane, félicité et jetski.
Pour les contraintes, je ne les ai pas toutes faites cette fois. Je devais en choisir 3 seulement, voici celles que j’ai sélectoinné :
– Mettre en scène un chat blanc,
– Ecrire au présent et à la première personne du singulier,
– Pas de meurtre,
– Pas de corps déchiquetés,
– Pas de cimetière,
– Mettre la phrase « j’aime ce temps ensoleillé »,
– Ecrire du point de vue d’un.e adolescent.e.
Et voici les contraintes que j’ai laissé de côté :
– Avoir un flashback,
– Rajouter les mots dézaquer, bobet et ciclée (ce sont des mots Suisses),
– Pas de créature surnaturelle,
– Pas de sang,
– Inclure une chute de météorique.
Pas évidentes ces contraintes, n’est-ce pas ? Comment m’en-suis-je sortie ? Je suis arrivée 3e sur 11 textes pour ce défi.
J’ai toujours plein de choses à vous dire, les choses deviennent concrêtes et il faut vraiment que je me pose pour partager ça avec vous. Si la vie réelle pouvait arrêter de m’accaparer, ce serait bien !
Si vous souhaitez lire une autre histoire fantastique écrite par mes soins, je vous invite à vous rendre sur la page du chapitre 1 du Sang de Delphine. Et pour voir un autre défi des plumes, c’est par ici.
Je vous dit à très vite !
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