Ne m’oublie pas – Défi des plumes #1

25 Sep 2021 | Ecrits | 0 commentaires

Bonjour ! Aujourd’hui, nous allons parler défi, mais avant tout, j’ai une petite chose à vous dire.

La dernière fois que nous nous sommes parlé, c’était il y a deux semaines. J’ai eu besoin de couper un peu pendant une semaine parce qu’il y a eu une tragédie dans ma famille. Mon cousin nous a malheureusement quitté. Je ne vais pas trop m’étendre sur le sujet ici, ce n’est pas le lieu, et il mérite sa vie privé. Quoi qu’il en soit, me revoici et je lui dédicace le texte d’aujourd’hui.

Texte qui n’est pas très joyeux, je ne vous le cache pas. Mais laissez-moi vous l’introduire :

Avec quelques amis écrivains et bêta-lecteurs, nous nous réunissons sur Discord et échangeons quotidiennement. Nous y avons un petit jeu qui s’appelle « Le Défi des plumes ». Chaque mois, il y a un thème et nous écrivons dessus. Le premier nous demandait d’écrire un texte en y incorporant des paroles de chansons.

Comme je ne fais pas les choses à moitié, je n’ai pas ajouté les paroles d’une seule chanson. Grosso Modo, retenez que tout ce qui est en italique est une parole de chanson.

Ce premier défi a une petite histoire. J’ai écris l’histoire d’une traite sur Google Docs. Et je ne me suis pas rendue compte que la synchronisation s’était arrêtée. Du coup, lorsque j’ai fermé mon navigateur, rien n’avait été enregistré. Je m’en suis rendue compte assez vite, heureusement, mais j’ai du tout réécrire ! J’étais défaite. Cette version finale est moins bien que la première, mais elle reste néanmoins assez proche. J’ai un peu moins confiance en Docs et je vais revenir à mon Word bien-aimé qui ne m’a jamais trahie, lui…

Je vous souhaite une bonne lecture !

Défi des plumes #1 : Ne m’oublie pas

Ne m’oublie pas. Je vais devoir m’en aller. Ne m’oublie pas. Tu ne dois pas pleurer.

Je hisse le sac sur mon épaule et me retourne. Le berceau est tranquille. Elle dort.

J’espère que tu sais que ça n’a rien avoir avec toi. C’est personnel, ça ne concerne que moi. Et tu vas me manquer comme un doudou manque à son enfant, mais je dois avancer dans ma vie.

Une larme roule sur ma joue. Je l’essuie du revers de la main.

Je dois avancer dans ma vie. Il est temps de devenir une grande fille. Et les grandes filles ne pleurent pas.

Je réajuste la bretelle de mon sac, même si elle n’en avait pas besoin, et m’éloigne. Au moment où je m’apprête à passer la porte, je l’entends bouger. Et mon cœur se serre. 

Excuse-moi, mon premier amour, mais je suis fatiguée.

Dans la cuisine, le silence est lourd. Ma mère est attablée, le visage dans les mains. Mon frère et sa femme se tiennent la main sans dire un mot. Ma décision va changer le reste de leur vie. Ils sont tels des vautours attirés par ma fille. Mais c’est la mienne. Je l’ai portée, je l’ai nourrie, je l’ai chérie. Je devrais retourner sur mes pas, la prendre dans mes bras et m’en aller.

Mais c’est parce que je l’aime que je vais la leur laisser.

J’ai l’impression de perdre ma meilleure amie. Je n’arrive pas à croire que ça pourrait être la fin.

Cet homme que j’ai tant aimé, je ne m’étais pas rendu compte qu’il avait sur moi des idées salaces. J’étais jeune et innocente. Je lui aurai tout donné. Je lui ai tout donné. Et il m’a laissée après avoir eu ce qu’il désirait.

Tu es la plus belle chose qui n’ait jamais été à moi. Je peux le voir maintenant.

Je signe le papier posé devant ma mère et elle éclate en sanglots. Mon frère me prend dans ses bras, heureux. Il pleure. Je me retiens. Je ne leur ferai pas le plaisir de me voir sombrer.

C’est ainsi que tu me laisses, je ne fais pas semblant. Pas d’espoir, pas d’amour, pas de gloire, pas de fin heureuse. C’est ainsi que nous aimons, comme si c’était la dernière fois. Et nous vivrons le reste de notre vie, mais séparément.

Je suis restée au pensionnat jusqu’à ma majorité. Je ne me suis liée à personne, je n’ai eu aucun ami. Mon cœur était sec. Je n’ai jamais pleuré, mais je n’ai jamais ri non plus. J’ai poussé comme une mauvaise herbe dont personne ne voulait. Quand les autres partaient en vacance chez eux, je restais. Je n’avais plus la force que de survivre au jour le jour, sans réel but.

C’est l’histoire la plus difficile que j’ai eu à raconter. Les fins heureuses sont parties pour toujours. 

J’ai eu mon diplôme sans mention, mais sans mauvaise note non plus. J’étais l’exemple même de l’élève moyen. Je n’avais pas la force de faire autrement. J’étais en pilote automatique, je fonctionnais au radar.

Je me sens comme si j’étais détruite. Et je suis détruite tous les jours.

Je rentre à la maison après cinq ans d’absence. Ma mère fait la vaisselle. Elle ne se retourne pas pour me voir. Elle m’a oubliée. Je préfère repartir. Si je ne suis plus sa fille, autant que je m’en aille.

Dans la brume du matin, nulle part où aller. J’ai de la pluie dans les yeux.

Je vais au seul autre endroit que je connaisse. Je passe le portillon. Le jardin est vide. Je m’approche de la villa et regarde par la fenêtre. Elle est là, toute belle, joyeuse. Elle court.

Tu es le Soleil et la lumière. De l’air que je respire à l’amour dont j’ai besoin, la seule chose que je sache est que tu es l’origine de l’Amour. La seule chose qui soit vraie, c’est que l’origine, c’est toi.

Ma belle-sœur la réceptionne dans ses bras. Et mon cœur qui venait à peine de se remettre à battre après des années d’arrêt, s’arrête de nouveau. Je ne suis plus ta maman, c’est elle. La vérité, c’est que je t’ai abandonnée.

Moi, je t’offrirai des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas. Je creuserai la terre jusqu’après ma mort pour couvrir ton corps d’or et de lumière. Je ferai un domaine où l’amour sera roi, où l’amour sera loi, où tu seras reine.

Elle est assise à la table de la cuisine, elle prend son petit déjeuner. Mon frère arrive et dépose un baiser dans ses cheveux. Le bonheur de cette famille transpire jusqu’en dehors de la maison. Mais je n’en fais pas partie. Je n’y pas ma place.

Ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas.

Je ne peux pas leur arracher ce bonheur.

Je ne vais plus pleurer. Je ne vais plus parler. Je me cacherai là, à te regarder danser et sourire, et à t’écouter chanter et puis rire. Laisse-moi devenir l’ombre de ton ombre, l’ombre de ta main, l’ombre de ton chien.

Je reprends la route. Marche sur le pont. Saute par-dessus le pont.

Bonjour, Ténèbres, mes vieilles amies.

Conclusion

J’espère que ce texte vous a plu. Il était un peu triste, mais, même si je ne l’ai pas du tout écrit dans cet esprit là, aujourd’hui, je me sens triste. Alors il est en adéquation avec moi.

Nous sommes toujours confinés et je peine à travailler sur mes projets. Et j’ai beaucoup de temps pour penser. Mais ça va aller, je vais me reprendre.

Dans la série des bonnes nouvelles, parce qu’on ne va pas se quitter comme ça, ma nouvelle Mandy qui va être publiée prochainement (je vous en ai parlé ici) a été entièrement relue et corrigée de concert avec le comité de lecture du concours. Il est prêt. Le comité est satisfait, et je le suis également. J’ai hâte de pouvoir vous en dire davantage !

On se retrouve la semaine prochaine !

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Hijo de la nieve – Défi des plumes #4

Hijo de la nieve – Défi des plumes #4

On est...dimanche. Je sais, je poste le samedi d'habitude mais hier était une journée exceptionnelle. Donc c'est aujourd'hui que vous aurez le défi des plumes de noël ! Comme à chaque fois, les contraintes et mots imposés sont dans la conclusion. N'hésitez pas  à me...

Le sourire de Félicité – Défi des plumes #3

Le sourire de Félicité – Défi des plumes #3

Défi des plumes n°3 ! Résistons au terrifiant sourire de Félicité. Alors, oui, je sais, c'est un texte que j'ai écrit pour Halloween. Cette année, je ferais en sorte d'être dans les temps. Recommençons notre petit jeu de la semaine dernière. Je vous laisse deviner...

Pour la cause – Défi des plumes #2

Pour la cause – Défi des plumes #2

Bonjour ! On est samedi et je suis de retour pour un petit défi. On va pas se mentir, ça fait vraiment un bail que je n'ai rien posté. Et pour cause,  j'ai traversé une longue période de doutes et de soucis personnels. Merci à cette magnifique pandémie d'être entrée...